Le Saint Martyre

Publié le par Fanny Mahuas


Il est venu ce temps au son des carillons
D’éprouver à nouveau à l’heure solennelle
La souffrance divine sculptée sur médaillon
Accusant les défauts des tâches originelles

On voit le sang couler des épines de houx
Car dans chaque goutte s’inscrit la délivrance
Mais plus rien ne retient ce si triste courroux
Et nos larmes alors rachètent ses souffrances

Mais au fond de nos âmes nous sentons dans ses pleurs
La valeur des siècles, le poids de nos péchés
Pour ne pas tuer l’oubli on nommera « Douleur »
Son image qui sera dans tous les évêchés

Nous serons tous unis au sein d’une prière
Car pris de pitié, il créa un Sauveur
Et les hommes alors deviendront tous frères,
Les Ecrits nous le disent : ce fut le Rédempteur !

Nous étions tous promis d’aller au Paradis.
Les Portes nous sont fermées et l’on doit revenir
Humiliés et honteux où l’on vivait jadis
Et prêcher nos fautes pour toujours se souvenir.

Et ceci s’accroîtra pour son plus grand malheur !
Il peut baisser les yeux en retour d’autrefois
C’est pour nous qu’Il est né, qu’Il souffre et qu’Il meurt
Notre rôle essentiel est de garder la foi.

Mais le temps s’amuse à effacer des mœurs
Ce que tous les Anciens ont appelé « Mission »
Et il est douloureux de trouver dans nos cœurs
Une tendre haine où naissent nos passions

Le sang des entrailles est devenu du vin,
Que tout le peuple boit ; lui ce sont les larmes
Qui nourrissent l’Esprit pour le rendre divin
Et sa force est son cœur, cela lui sert d’arme

Mais tout mon corps vibre quand je scrute les cieux
Car son sang est mon sang et son cœur est mon cœur
Et bien sûr je renie tous les autres Dieux
Selon moi, nos deux âmes sont d’origine sœurs

Je suis comme la fleur, belle mais poussière
Et lorsque j’entendrai tout au fond du tombeau
Le cri des autres hommes qui sera un mystère
Mes yeux regretteront le grand monde si beau !

Mon âme redoute toute la violence
Et je bénis alors ta divine ascension,
Pour juger tes enfants, atténuer les sentences
Même s’il faut prier pour cette rédemption !

De tes bras crucifiés est né notre monde
Et grande fut la joie d’accueillir le Messie
Venu du firmament et des antres profonds
Qui doucement en nous calme notre hérésie

Ses bras n’ont-ils pas fait notre plus grand espoir
Et ses pleurs déchirer la cruelle entrave ?
Il jeta nos remords aux yeux du Désespoir
Et libéra l’Homme de son rôle d’esclave

Je me souviens déjà sur la terre bannie
C’était le lieu du Crâne, tout près de Golgotha
Il dit « Eli, Eli, lama sabachtani ? »
Mes yeux se fermèrent, la foudre l’emporta

Dieu leva sa main sur la lune sanglante
Et rappela à lui son enfant torturé
Il ne tolérait point ces larmes troublantes
Versées pour le rachat de ceux qu’Il a créé

Je maudis quelquefois tous ces Saints Innocents
C’est le Diable qui dort au plus profond de nous
Ces « Sacrés » disent-ils ! Dix, vingt ou bien cent !
Combien de ses enfants le supplient à genoux ?

Quand mon âme viendra sur les lieux hérités
Où mon regard blessé par toutes ces horreurs
Le visage brûlé par cette Vérité
Alors je comprendrai où est née la Terreur

Au dessus de son corps l’Eglise se lève
Puissante et riche comme un Roi acclamé
Qui veut de ses sujets voir les yeux affamés
Espérer et mourir au jour qui se lève

Cet infini monde d’infini tristesse
Où les nuits et les jours qui me semblent sans fin
M’apparaît à nouveau l’endroit pittoresque
Rêvé pour retenir les malheureux défunts

Aujourd’hui encore il reste la trace
De cette légende qui nous fit être humain
Mais l’esprit ravagé se tenant de glace
Ne sait pas quand il dort s’il reviendra demain

Ils ont bu le pardon, sucé l’âme du Christ
Edifiés des temples pour servir d’autres Rois
Injuriés son prénom, glorifié l’antéchrist
Et pleurent leur salut croyant donner la foi !

Dieu quel est ce monde où tu nous as laissé
Humiliés et honteux où l’on vivait jadis
Les portes nous sont fermées et l’ont doit espérer
Nous étions tous promis d’aller au Paradis !


Tableau : © David Caspar Friedrich : Croix sur la montagne

Publié dans Poèmes

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